Les fenêtres sur le monde

Imaginez une maison, cela peut être la vôtre, avec des fenêtres. Elle est un peu à l’image de notre univers intérieur, la décoration et le style de vie illustrent nos systèmes d’attachement, qu’ils soient culturels, sentimentaux, artistiques, religieux, politiques, scientifiques, etc. Les fenêtres délimitent l’intérieur et l’extérieur. Instinctivement, nous recherchons la protection, l’intimité, alors nous couvrons les fenêtres de rideaux et nous les fermons pour mieux contrôler notre environnement.

Souvent, nous barrons les portes qui donnent sur l’extérieur et nous laissons les fenêtres fermées pour mieux nous sentir en sécurité. Une bonne partie de notre vie se déroule à partir de ce que nous observons de l’intérieur de notre maison. L’environnement familier permet d’établir une routine grâce aux « déjà connu » et « déjà vu » que nous avons instauré. Il y en a même qui laisseront les fenêtres toujours fermées et vivront sous la lumière artificielle.

Apprendre à ouvrir les fenêtres par soi-même demande de la sécurité et de la confiance. En effet, les ouvertures que nous faisons sur le monde extérieur transforment la façon dont nous donnons du sens aux choses, aux êtres et aux situations. Grâce aux rayons du soleil les objets apparaissent parfois plus colorés, plus beaux, et d’autres fois moins attrayants. Le fait de voir des gens vivre autrement de l’autre côté de la fenêtre change notre représentation du monde. Les ouvertures remettent en question le rapport entre l’observateur et l’objet de l’observation.

L’ouverture sur le monde apportera des comportements complètement différents. Au lieu de tout barrer à double tour, la porte sera parfois entrebâillée, et les fenêtres ouvertes pour permettre à de l’air frais d’entrer. La nécessité de faire coexister ce qui est artificiel avec le naturel sera plus présente.

Et si nous prenons cette situation imaginaire de la relation entre la maison et le monde extérieur, et que nous l’a transposions à notre relation avec les collègues, les proches et les personnes que nous rencontrons? Nous pourrions constater des analogies intéressantes. Nos fenêtres sur l’autre sont souvent fermées afin d’éviter de supporter que nos systèmes d’attachement soient remis en question, qu’ils puissent être revisités sous la nouvelle perspective de la lumière du jour. Ainsi, il peut arriver que nous tenions les personnes à distance, à moins qu’ils partagent les mêmes intérêts, les mêmes attaches et qu’ils fassent partie, d’une certaine façon, de notre clan.

Il est aussi intéressant de constater les similitudes entre notre rapport avec le monde matériel et le monde spirituel.

Le défi n’est pas de vivre hors des maisons et de se transformer en voyageur apatride ou itinérant. De même, s’enfermer et se couper du reste du monde apportera des déceptions similaires.

Nous avons la capacité de sortir de cette illusion que les mondes sont séparés. Nous pouvons apprendre à accueillir.  Accueillir un nouveau point de vision sur le monde, une nouvelle représentation de la maison d’à côté, ouvrir notre porte à la personne qui vient d’y frapper.

Rien n’est séparé, parfois nous avons besoin de nous retrouver seuls, parfois nous sommes particulièrement disponibles et relationnels. Bien qu’il soit difficile de sortir de notre point de vue émanant de l’intérieur, il est possible de le faire évoluer, de changer la décoration, de délier certaines attaches qui n’ont plus leurs raisons d’être, et de sortir de notre zone de confort.

Si cela peut sembler difficile, il suffit de regarder le chemin que nous avons parcouru, rien n’est demeuré immuable au cours de notre vie, nous sommes toujours en changement. Nous l’avons déjà fait sur un autre plan, dans une autre mesure.

Une chanson de Mylène Farmer – Derrière les fenêtres

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