L’imparfait heureux

Cette quête du meilleur de l’homme est au cœur de tous les chemins spirituels et César mettait alors ceux qui venaient le rencontrer devant une évidence. Tout voyage spirituel suit des étapes. Et, selon lui, la première consistait à découvrir notre nature meilleure. Cette rencontre, vous l’avez peut-être déjà faite dans une lecture, dans un stage ou encore dans une rencontre avec un sage. Soudain, vous vous êtes senti en paix sans raison extérieure. Soudain, vous avez souri. Non pas ce sourire à pleines dents pour que l’on vous regarde, mais, vous savez, ce petit sourire discret aux lèvres légèrement plissées quand le monde nous apparaît secrètement beau. Ce sourire marque le passage au meilleur de nous. Il donne envie de faire du bien aux autres. Il contraste avec la version plus ordinaire de l’homme, celle où l’on fait la gueule. Vous savez tous ces moments où l’on a la mâchoire serrée, les sourcils froncés, la bouche tournée vers le bas et l’envie d’aboyer sur tout ce qui bouge. Ça, c’est la version ordinaire de l’homme, vue du dehors. Vue du dedans, nous la reconnaissons facilement aussi, elle est jalonnée de jugements contre nos propres imperfections. Ce sont ces voix intérieures où l’on se traite soi-même de con, de bon à rien, d’incapable… Et cela n’est pas anodin car nous finissons par croire en ces voix et à traiter les autres comme nous nous traitons nous-même.

César enseignait que la voie la plus directe vers la sagesse est celle de l’imperfection heureuse. Pour lui, les hommes sont des imparfaits chroniques, des tordus indétordables. C’est l’héritage de notre histoire personnelle. La source de nos imperfections se trouve dans des événements clés de notre passé, César les appelait les traumatismes. Ce sont des événements importants, car ils ont fondé notre personnalité. Ils nous ont faits tels que nous sommes et nous ne pourrons jamais nous en départir. Or, nous avons tous l’espoir qu’un jour, nous allons changer pour de bon, mais cela est impossible. Alors, nous nous le reprochons. César nous disait : « Vous pouvez bien vivre ou mal vivre avec votre histoire mais vous ne pouvez pas vivre sans. » Il nous proposait plutôt d’apprendre à aimer nos imperfections, à dire du bien de nos misères comme il les appelait souvent. C’est cela qui nous procure la rencontre avec le meilleur de l’homme. Nos maladresses chroniques sont donc une chance, elles nous invitent à mieux nous aimer et nous tourner vers le meilleur de nous-même. Comme par magie, ces misères tant redoutées deviennent alors une source d’amour inépuisable. « Passer de la gueule au sourire, c’est la seule performance de la vie spirituelle et, en plus, tout le monde peut y arriver », répétait-il sans cesse. À vous aussi, il vous le dira sans aucun doute.

Allez, maintenant, place à l’action…

Bernard Montaud, Sanjy Ramboatiana dans César, l’imparfait heureux – Un manuel de sagesse ordinaire inspiré par Gitta Mallasz

Une pièce musicale de Pat Metheny and Toots Thielemans – Always And Forever

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