La réalité

Et si le sentiment « être heureux » constituait aujourd’hui le comble du politiquement incorrect ?

Comment ? Être heureux sur une planète à ce point souffrante ? Oui.

De tous les remèdes aux maux du pauvre monde, être, soi, heureux, constitue le médicament le plus opérant.

Être heureux n’implique pas d’être aveugle, sourd, blindé.

Être heureux ne procède pas d’un retranchement en quelque forteresse de bonheur imbécile.

L’être heureux dont je parle incorpore le déchirement, le mal à la souffrance alentour et même une conscience centuplée de tout ce qui a mal.

L’être heureux dont je parle s’accomplit dans l’élan qui porte à soulager, autant que faire se peut, la souffrance omniprésente, soulagement qui démarre par le soin de ne pas causer davantage de souffrance. À moins qu’elle ne s’avère utile.

Pour cet être heureux-là, qui est une manière d’être au monde, il n’y a pas de petite et de grande souffrance, encore moins de moyenne. Il y a la souffrance.

Dans la dynamique de la souffrance, il n’y a pas d’anecdote. Tout est signifiant, chaque douleur pèse son poids intégral.

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Il savait que tout est possible, que la réalité est un concept à géométrie variable, la variable étant celle de l’ouverture intime ; il savait que la fortune sourit aux audacieux et que l’essence de l’audace s’appelle innocence.

Gilles Farcet dans La réalité est un concept à géométrie variable

Une pièce musicale de Jean-Michel Blais – Ad Claritatem Domine

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