Humour et sagesse

On ne possède jamais réellement les choses.

On ne fait que les tenir un instant.

Si l’on est incapable de les laisser aller, ce sont elles qui nous possèdent.

Quel que soit ce que l’on chérit, il faut le tenir dans le creux de sa main comme on retient l’eau.

Dès qu’on la saisit, elle n’est plus là.

Si on se l’approprie, on la souille.

Si on la libère, elle est à soi pour toujours.

*

Un homme s’approche d’un ancien et lui dit : On m’a dit que tu es sage… S’il te plaît, dis-moi quelles sont les choses que peut faire un sage qui ne sont pas à la portée de tout le monde.

L’ancien lui répond : Quand je mange, je mange ; quand je dors, je dors ; et quand je parle avec toi, je parle avec toi. Mais enfin, ça aussi je peux le faire et je ne suis pas sage pour autant, lui répond l’homme surpris. Je ne le crois pas, lui réplique l’ancien. Parce que quand tu dors, tu te remémores les problèmes que tu as eu au cours de la journée ou tu imagines ceux que tu pourrais avoir au réveil. Quand tu manges, tu planifie ce que tu vas faire plus tard. Et pendant que tu parles avec moi, tu penses à ta prochaine question où à ce que tu vas me répondre, avant que j’ai terminé de parler. Le secret, c’est d’être conscient de ce que nous faisons dans le moment présent et ainsi profiter pleinement à chaque instant du miracle de la vie.

*

La famille s’était installée au restaurant. La serveuse prit d’abord les commandes des adultes puis se tourna vers le petit garçon de sept ans.

« Qu’est-ce que tu vas prendre ? » demanda-t-elle.

Le petit garçon jeta un regard timide autour de la table et dit : « J’aimerais un hot dog. »

Avant que la serveuse pût noter la commande, la mère intervint : « Pas de hot dog, dit-elle. Apportez-lui un bifteck avec purée de pommes de terre et carottes. »

La serveuse ne prêta aucune attention à la mère : « Veux-tu du ketchup ou de la moutarde avec ton hot dog ? demanda-t-elle au petit garçon.

– Du ketchup.

– Ça vient tout de suite », dit la serveuse en se dirigeant vers la cuisine.

Tout le monde resta muet de stupeur. Finalement le petit garçon regarda chacun de ceux qui étaient là et dit : « Savez-vous une chose ? Pour elle, j’existe vraiment ! »

Anthony De Mello dans Histoires d’humour et de sagesse

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