
Dans le monde chacun décide du beau
Et cela devient le laid.
Par le monde chacun décide du bien
Et cela devient le mal
L’être et le vide s’engendrent
L’un l’autre.
Facile et difficile se complètent
Long et court se définissent
Haut et bas se rencontrent
L’un l’autre.
Voix et sons s’accordent
Avant et après se mêlent.
Ainsi le sage, du non-agir
Pratique l’œuvre
Et enseigne sans paroles.
Multitudes d’êtres apparaissent
Qu’il ne rejette pas.
Il crée sans posséder
Agit sans rien attendre
Ne s’attache pas à ses œuvres
Et dans cet abandon
Ne demeure pas abandonné.
*
Si le mérite des hommes n’est plus favorisé
La contestation ne pénètre plus les gens du peuple
Si les biens précieux ne sont plus recherchés
Le vol disparaît de l’esprit du peuple.
Si ce qui éveille les désirs n’est plus exhibé
Le trouble du cœur du peuple s’éloigne.
Ainsi, pour gouverner le peuple,
Le sage vide les consciences mais emplit les ventres
Affaiblit les volontés mais fortifie les os.
Il garde le peuple hors science ni désir
Et s’assure que l’habileté n’ose manipuler.
Par la vertu du non-agir
L’ordre se maintient, naturel.
Lao Tseu dans Tao Te King : Le Livre de la Voie et de la Vertu
Une pièce musicale de Numinous Treasure (Daoist Music)