Une montagne

Être assis comme une montagne, c’est « changer de temps » : la nature vit à un autre rythme. Nous pouvons avoir l’éternité derrière soi, devant soi et si nous nous tenons bien au centre, nous aurons l’éternité en nous-mêmes. C’est là que nous pouvons prendre racine.

Méditer comme une montagne change le rythme des pensées et surtout du jugement. Il s’agit d’être ce que l’on est « par tous les temps » et de permettre aux saisons de passer, de nous éroder ou de nous faire fleurir. Voir sans juger, donner le droit d’exister à tout ce qui pousse, roule, rampe et court sur la montagne ; ainsi devient-on inébranlable quel que soient les coups, les railleries ou les extases des passants.

Si la montagne peut donner le sens de l’Éternité, le coquelicot enseigne la fragilité du temps : méditer c’est connaître l’Éternel dans la fugacité de l’instant, c’est fleurir le temps qu’il nous est donné de fleurir, aimer le temps qu’il nous est donné d’aimer, gratuitement, sans pourquoi, car …. pour qui fleurissent les coquelicots ?

La rose fleurit parce qu’elle fleurit, sans pourquoi …

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Aimer quelqu’un sans vouloir le garder pour soi est complexe: l’autre croit souvent qu’il est aimé s’il peut vous appartenir, et cela crée des nœuds, des difficultés.

Comment aimer vraiment quelqu’un? Pas simplement en parole ou avec de la bonne volonté, mais en posant des actes où il se sente aimé sans que l’on ait pour autant refermé les bras sur lui, sans qu’on l’ait enfermé dans une situation affective inextricable. Si je t’aime, ce n’est pas pour moi, ne t’occupe pas de moi, ne reste pas accroché à moi, va plus loin sur ton chemin.

Yves Leloup dans La montagne dans l’océan

Une pièce musicale de Vangelis – Ask The Mountains

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