
Nous ne sommes pas grands par nos trouvailles, mais par notre besoin de trouver.
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J’ai fermé les yeux. Tout s’est dissous instantanément, bleuifié, étalé – les mots, les peines, les questions ; c’étaient seulement des durcissements, des plissements de je qui veut retenir l’immensité dans une cage, et qui ne peut pas et qui souffre de ne pas pouvoir – « je » se relâche, et tout s’emplit d’infini. C’est lisse, c’est plein sans une ride -où est la souffrance, où est le mal ? Où est la question ? Il n’y a pas une ride ! C’est, et c’est parfaitement. Et tout est pareil, mais souple, vaste, rythmé au lieu d’être raboteux et morcelé par un obturateur de je qui fait des creux, des bosses, des moments, des peines – et tout est une peine, parce que tout est coupé. J’ai glissé là, fondu dans ce sourire…
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Du jour où tu regardes avec des yeux vrais, il n’est pas une seule chose au monde qui ne soit pleine de sens et n’apporte son message -pas une. C’est comme si tout se liguait pour nous obliger à comprendre.
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Le Mensonge est une invention de nos yeux, le Mal est une invention de nos yeux ; la douleur, la seule douleur, en vérité, est de ne pas voir du bon côté, car, si, une seule seconde, nous pouvions voir ce qu’est le monde vraiment sans tous nos faux regards de bien, de mal, de oui, de non, nous serions guéris à jamais, et le monde, sans changer une seconde de ce qu’il est en cette minute cruelle et obscure, serait complètement autre. C’est un voile de Mensonge sur une Réalité inimaginablement belle.
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Comprendre, ça ne veut pas dire savoir, ça veut dire être dedans.
Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.
Satprem dans Par le corps de la terre ou Le Sannyasin
Une pièce musicale de Anoushka Shankar – Traveller (live at Girona Festival)
