Le Moi plus grand

Ce moi, ce grand moi qui est nous, pourquoi donc s’est-il divisé, multiplié, atomisé dans un million d’êtres et de choses? Pourquoi ce long parcours de retour à soi? Mais il ne s’est pas divisé vraiment, il n’est jamais parti en poudre d’astres séparés par des années-lumière, en vibrions de conscience séparés par des téguments, des pellicules, des cuirasses d’être, en petits hommes séparés d’un autre par une peau blanche ou noire et quelques pensées vagues. Rien n’a jamais été séparé et nos étoiles se rejoignent en une seule petite étoile qui brille au cœur de l’homme et en chaque chose, chaque caillou de l’univers. Comment pourrions-nous jamais reconnaître le monde si nous n’étions déjà ce monde – on ne connaît que ce que l’on est, et tout ce qui n’est pas nous, est tout simplement inexistant ou invisible pour nos yeux; on ne peut prévoir demain, sentir cet accident qui vient, cette peine ou cette pensée à dix mille kilomètres, ce trésor caché dans un champ, cette toute petite vie qui frémit dans une feuille sous nos yeux, que parce que nous sommes reliés, nous sommes un, et que tout est déjà là, immédiatement et sans séparation, demain et après-demain, ici et là, sous nos yeux ou hors de nos yeux – il n’y a pas de séparation, il y a seulement des yeux qui voient mal. Il y a une somme d’invisibilités qui peu à peu deviennent visibles, du protoplasme à la chenille et à l’homme, et nous n’avons pas épuisé toute la gamme. Demain, nous verrons peut-être que la distance entre un pays et un autre, un être et un autre, entre aujourd’hui et demain, est aussi fragile et illusoire que la touffe d’herbe qui sépare une chenille d’une autre dans un même champ. Et nous enjamberons le mur du temps et de l’espace comme aujourd’hui nous enjambons la touffe d’herbe de la chenille.

Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.

Satprem dans La Genèse du Surhomme

Une pièce musicale The world around us…

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