Philosophie de la mer

Accueillir ce qui vient comme il vient. Ne pas s’épuiser à vouloir arrêter les marées, à tenter de changer ce qu’on ne changera pas, mais vouloir ce qui arrive de la manière dont il arrive. Jouer sa partition du mieux que l’on peut, même si l’on n’a pas écrit la symphonie; naviguer sans faillir alors qu’on n’est pas maître des flots. L’océan a ses marées, la vie a ses hauts et ses bas. Il est préférable d’accompagner le mouvement plutôt que de s’y opposer.

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Il faudrait ainsi qu’on ait la force de convertir nos regrets en actes, nos remords en affirmations : ce que j’ai fait, je l’ai fait. Même si j’y ai laissé des plumes et des illusions, c’est le chemin que j’ai pris. Je fais de ce moment de ma vie, de ce virage et de mes erreurs, mon parcours.

C’est une page de ma vie, pas un raté ; c’est une étape que j’ai vécue, pas une absurdité. Il ne s’agit pas de s’aveugler ou de se chercher de fausses excuses, mais d’inclure les manqués dans le scénario, de les intégrer au récit : oui, cela aussi, je l’ai fait. Je n’aurais peut-être pas dû, mais ce fut quand même mon voyage. Non pas la somme de mes remords, un poids mort de regrets, mais un cap que j’ai bel et bien pris. Aller aux vents mais confiants.

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Le temps de la mer, quand on prend le pouls de ses mouvements depuis le rivage, c’est celui de l’infini recommencement.

Laurence Devillairs (1969- ) est normalienne, agrégée, docteur en philosophie, habilitée à diriger des recherches (Sorbonne université), spécialiste du XVIIe siècle et de philosophie morale.

Laurence Devillairs dans Petite philosophie de la Mer

Une pièce musicale de Debussy – La Mer : Play of the Waves

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