Ma philosophie du voyage

Il n’est pas nécessaire d’être intelligent pour aller très loin. Il suffit de ne vouloir qu’une seule chose à la fois.

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Dans l’Inde, j’eus enfin la possibilité de peser mes voyages dans mon cœur – et non dans la balance du temps et de l’espace. Á l’heure de ma mort, que représenteraient-ils ? IIs furent importants dans la mesure où ils me rapprochèrent de mon vrai centre. Lentement ils me menèrent à ce qui compte le plus. Le voyage intérieur est seul réel. J’ai fini par me trouver. Ce qui revient à dire que j’ai réussi à me débarrasser de mon moi fatigant autant qu’encombrant. Maintenant je sais qu’il y a un accès à ce Centre immuable qui est identique en chacun de nous. Et à cause de Lui, je peux enfin essayer en toute sincérité d’aimer mon prochain comme moi-même. Ne me sentant plus tiraillée, mais concentrée, je marche avec patience vers cette Unité qui, nous le sentons tous, est le premier ainsi que le dernier mot de la vie.

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J’espère que l’absence d’une table, d’un drap, d’un morceau de sucre ou d’un ami ne me rendra jamais misérable : on peut s’en passer. Mais ayant été privée de tout cela, comme je sais l’apprécier lorsque je l’ai… Et voici le secret magnifique : plus on se détache, plus on jouit de la vie, et plus on vit pleinement dans le moment présent.

Ella Maillart (1903-1997) est une voyageuse, écrivain et photographe suisse.

Ella Maillart dans Ma philosophie du voyage

Une pièce musicale de Anoushka Shankar – Traveller 

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