
Qui frappe à la porte ? Qui demande un abri ? Chacun est concerné par la question de l’accueil d’autrui. L’autre est un inconnu, quelqu’un d’inquiétant, de dangereux, ou un messager qui apporte de bonnes nouvelles et fait découvrir des horizons nouveaux, ou tout simplement un homme fragile et démuni qui a besoin de protection. Avoir le sens de l’hospitalité, c’est aimer découvrir, rencontrer, partager, être dépaysé ; et c’est manifester des qualités de générosité, de simplicité, d’ouverture d’esprit.
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Dans nos sociétés matérialistes qui refusent ou qui renient toute transcendance, au nom de qui ou de quoi j’accueillerais volontairement ou pas celui qui viendrait dans mon pays ou ma région ?
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À l’heure du collectif qui dissout la singularité et du quantitatif qui dédaigne le visage humain, il est primordial de revenir à la personne et de la prendre en considération. C’est la personne qui a ou non le sens de l’autre, c’est elle qui ouvre ou non sa porte, qui partage une conversation, un repas, des rires avec un inconnu ou bien se méfie de tout étranger. C’est la personne qui peut être éduquée, éveillée à la générosité, à l’altruisme, en commençant par la politesse. L’évolution morale et spirituelle ne se fait pas collectivement ni par décrets. Ainsi que le rappelle Socrate tout au long de son dialogue avec le brillant et ambitieux Alcibiade, l’excellence du citoyen est requise en premier lieu pour fonder une Cité juste, sage et prospère :
« Si tu dois gérer les affaires de la cité comme il faut, ce qu’il est nécessaire que tu donnes à ses citoyens, c’est l’excellence. Mais est-il possible de donner ce que l’on a pas ? […] De sorte qu’il te faut d’abord acquérir toi-même cette excellence, et c’est aussi le devoir de quiconque veut gouverner et administrer non seulement sa propre personne et les choses qui sont à lui, mais aussi sa cité et les choses qui sont à la cité. »
Jacqueline Kelen dans Le sens de l’hospitalité
Une pièce musicale de Nicolas Mazmanian : HERITAGE pour Orchestre de chambre
