S’apprivoiser

On peut partir en voyage pour toute sorte de raison. On peut vouloir changer de décor, ou découvrir une culture différente, ou simplement s’évader.

Moi, je suis partie pour désapprendre. J’avais le besoin de ne plus dépendre de ce que je sais de moi. En fait, je ne voulais pas mieux me connaître en rencontrant des inconnus au fil des rues, je voulais me libérer de ma représentation de moi-même et rencontrer l’inconnu de moi.

Cette volonté de se départir m’a permis de comprendre que c’est lorsque nous venons de nulle part et que nous n’allons nulle part, que nous devenons passants, étant ainsi moins soumis à la structure de la ville, aux affiches et aux besoins cadastrés.

Pour se libérer du connu, il nous faut rassembler. Ce que l’on sait certes, mais ce que nous nous cachons aussi. Ce que nous désavouons, ce que nous ignorons, ce que nous refoulons.

C’est en regardant en face ce qui nous a emportés, ce qui nous a fait réagir intensément que nous pouvons par la suite sonder l’impassible.

Comme pour tout grand voyage, il m’a fallu me réapproprier l’immobilité avant l’errance.

Se désapprendre n’a rien à voir avec la perte de connaissance. Au contraire, c’est explorer une nouvelle façon de concevoir et de décoder le monde dans lequel nous vivons. D’une certaine façon, on cesse de vouloir dénombrer l’infini, on s’apprivoise.

Quand le babillage de l’esprit se calme, on n’a plus besoin de devenir quelque chose. On est ici et maintenant, à apprivoiser l’infini.

Une chanson de Luc De Larochellière – D’état en état

Les paroles sur https://laboiteauxparoles.com/titre/94797/d-etat-en-etat

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