Pouvoir et altruisme

La notion de pouvoir est un concept neutre dans la mesure où il n’est, en soi, ni nuisible ni bénéfique ; il est le support qui nous permet de réaliser nos buts. Cependant, selon la perspective historique et psychologique occidentale, le pouvoir est souvent associé à des concepts de domination, d’instrumentalisation et de souveraineté. L’idée « d’exercer un pouvoir sur quelqu’un » est l’un des aspects de cette vaste notion d’autorité, aspect qui apparaît clairement dans les domaines politique, sociétal et interpersonnel, ainsi que le mettent en lumière les problèmes d’écart de richesses, d’inégalités entre les races et les sexes. Toutefois, le pouvoir est essentiellement une force motivationnelle qui peut servir à aider autrui ou à lui nuire, à construire ou à détruire. La façon dont nous exerçons cette force réside dans notre intention.

De même, l’altruisme constitue une autre force motivationnelle d’importance qui, à la différence du pouvoir, n’est pas neutre d’un point de vue éthique, puisqu’elle tend à accroître le bien d’autrui, qu’il s’agisse de nos proches parents ou de la société dans son ensemble. L’altruisme évoque des notions de préoccupation de l’autre, de compassion, de coopération, de responsabilité et d’affiliation. Au premier abord, il n’est pas perçu comme une notion compatible avec celle de pouvoir, bien que ce ne soit pas le cas, comme nous le verrons. Un pouvoir empreint d’altruisme peut accomplir beaucoup plus de choses pour le bien d’autrui qu’une faible motivation de venir en aide. A contrario, un pouvoir dénué d’attention bienveillante envers autrui et exempt de la motivation d’œuvrer au bien commun risque de se révéler brutal et immoral.

Matthieu Ricard et Tania Singer dans Pouvoir et altruisme

Une pièce musicale de Ludovico Einaudi – Luminous