Essais d’empirisme radical

Québec

Permettez donc que je me résume — trop sommairement, et en style dogmatique — dans les six thèses suivantes:

 1- La Conscience, telle qu’on l’entend ordinairement, n’existe pas, pas plus que la Matière, à laquelle Berkeley a donné le coup de grâce;

 2- Ce qui existe et forme la part de vérité que le mot de “Conscience” recouvre, c’est la susceptibilité que possèdent les parties de l’expérience d’être rapportées ou connues;

 3- Cette susceptibilité s’explique par le fait que certaines expériences peuvent mener les unes aux autres par des expériences intermédiaires nettement caractérisées, de telle sorte que les unes se trouvent jouer le rôle de choses connues, les autres celui de sujets connaissants ;

4- On peut parfaitement définir ces deux rôles sans sortir de la trame de l’expérience même, et sans invoquer rien de transcendant;

 5- Les attributions sujet et objet, représenté et représentatif, chose et pensée, signifient donc une distinction pratique qui est de la dernière importance, mais qui est d’ordre FONCTIONNEL seulement, et nullement ontologique comme le dualisme classique se la représente;

 6- En fin de compte, les choses et les pensées ne sont point foncièrement hétérogènes, mais elles sont faites d’une même étoffe, étoffe qu’on ne peut définir comme telle, mais seulement éprouver, et que l’on peut nommer, si on veut, l’étoffe de l’expérience en général.

William James dans Essais d’empirisme radical

Une chanson de Björk – Human Behavior

Les âroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/247513.html