
Les premiers pas de l’éducation nouvelle du corps étaient évidemment de lui apprendre à ne pas paniquer. Et la seule façon de lui apprendre était de le mettre dans une situation tout à fait mortelle pour lui montrer qu’on n’en meurt pas, en dépit des « lois » — qui étaient seulement les lois des vieilles bêtes scientifiques et médicales.
Les deux « leçons de choses » difficiles sont le cœur et le cerveau. Alors on a des phénomènes cardiaques pénibles, longs ou fulgurants et suffisamment « à la limite » — une fois, deux fois, dix fois. Si l’on va consulter le médecin, on est fichu. Une morale : n’allez jamais consulter le docteur des poissons si vous voulez devenir hominien, ni leurs prêtres car on n’entre pas au ciel des hommes avec son corps. Puis une dernière « crise cardiaque », alors il se met à couler dans la bouche une extraordinaire « salive », liquide comme ne l’est aucune salive, et d’une abondance ! Ça coule et coule dans la gorge comme un élixir. Et la crise s’arrête. L’élixir aussi. Après, on n’a plus de « crise », on ne croit plus en la « loi des cœurs ».
Pour le cerveau, c’est plus difficile à supporter et j’ai eu de belles peurs — une surtout : comme si l’on vous enfonçait un tuyau ou un petit tube de fer à travers le crâne jusqu’à l’occiput. Puis il y a eu tant de bouilloires successives là-dedans et tant d’éclatements qui n’éclatent jamais que l’on ne croit plus, non plus, à la « loi des circonvolutions ». Et finalement le corps ne croit plus en aucune loi parce qu’il est constamment en train de mourir et constamment à se retrouver debout et respirant… difficilement. Au bout de quelques années, il SAIT qu’il y a une autre loi — une seule Loi, la loi nouvelle, celle de l’autre côté des eaux et de la mort.
Et ce corps sait de lui-même, spontanément et évidemment, qu’il est dans une espèce de tombe dont on essaye de l’extirper.
Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.
Satprem, Évolution II
Une pièce musicale de Shakti · John McLaughlin – Peace Of Mind
