À toi

Toute votre vie, vous êtes complètement fou parce que vous pensez qu’il est évident qu’il y a un « vous » et « les autres ». Vous faites un acte pour vous démarquer dans une foule, mais en réalité, il n’y a ni « vous » ni « les autres ».

Quand tu mourras, tu comprendras.

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La question n’est pas de savoir qui a raison. Il se trouve simplement que chacun voit midi à sa porte. Arrête de vouloir être quelque chose de spécial, sois simplement ce que tu es. Arrête de tirer à vue et contente-toi de t’asseoir !

Tout commence quand nous disons « je ». Tout ce qui suit est illusion.

Tout le monde s’imagine que son ego est quelque chose d’immuable, une sorte de point fixe autour duquel tout tourne. Il y avait jadis un homme qui disait : ‘Regardez, tout le monde meurt sauf moi !’. Maintenant, il y a belle lurette qu’il est mort.

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À vous qui pensez qu’il y a quelque chose à être « dans »

Tu t’accroches toujours aux autres. Si quelqu’un mange des frites, vous voulez des frites aussi. Si quelqu’un suce un bonbon, vous voulez aussi un bonbon. Si quelqu’un souffle sur un sifflet, tu cries : « Maman, achète-moi aussi un sifflet ! » Et cela ne va pas seulement pour les enfants.

Quand le printemps arrive, tu laisses le printemps te tourner la tête. Quand l’automne arrive, tu laisses l’automne te tourner la tête. Tout le monde attend juste que quelque chose tourne la tête. Certains gagnent même leur vie en faisant tourner les têtes – ils produisent de la publicité.

Les gens aiment la confusion émotionnelle. Il suffit de regarder les affiches du film devant le cinéma : rien que de la confusion émotionnelle sur leurs visages. Bouddha-dharma signifie ne pas se mettre à la merci de la confusion émotionnelle. Dans le monde, par contre, on fait un grand bruit pour rien.

Cela va avec être une personne ordinaire : il ne peut voir qu’avec les yeux de la stupidité collective.

Kodo Sawaki (1880-1965), surnommé Kodo sans demeure, était un moine zen qui a parcouru le Japon à pied tout au long de sa vie. Il était renommé pour ses conférences magistrales, drôles et décontractées. Son audience se composait aussi bien de moines (et notamment de Taisen Deshimaru), de nonnes que de geishas, de paysans, de ministres, d’artistes et de savants. Ces rendez-vous hors du commun se déroulaient dans des cadres tels que l’université Komazawa à Tokyo, ou dans des lieux improvisés à la campagne, dans des prisons, des temples.

Kôdô Sawaki dans À toi

Une pièce musicale de Yoshida Brothers – Fuyu no Sakura