La voie du thé

 

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La voie du thé est un culte fondé sur l’adoration du beau jusque dans les occupations les plus triviales de la vie quotidienne.

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C’est une hygiène, puisqu’elle contraint à la propreté; une ascèse, puisqu’elle démontre que le bien-être loge dans la simplicité et non dans quelque coûteuse complexité; une géométrie éthique, enfin, dans la mesure où elle définit notre sens des proportions au regard de l’univers.

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Selon l’une de nos expressions usuelles, une personne « manque de thé » lorsqu’elle se montre insensible aux épisodes tragi-comiques qui ponctuent l’existence. Mais notre langue stigmatise également l’esthète sauvage qui, indifférent à la tragédie du monde, s’abandonne sans retenue au flot de ses émotions ; de celui-là, elle dit qu’il a trop de thé.

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Ceux qui se révèlent incapables de sentir en eux-mêmes la petitesse des grandes choses ne sauraient reconnaître chez les autres la grandeur des petites choses.

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Le vide est tout-puissant parce qu’il embrasse tout. Ce n’est qu’au sein de la vacuité que tout mouvement devient possible. Celui qui parviendrait à faire de lui-même un espace vide où autrui pourrait librement pénétrer serait maître de toutes les situations. Car le tout peut toujours dominer les parties.

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Les trois joyaux de la vie sont la compassion, la frugalité et la modestie.

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Au fond, l’idéal du thé est l’aboutissement même de cette conception zen : la grandeur réside dans les plus menus faits de la vie.

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Ils nous ont enseigné l’esprit par lequel il convient d’approcher les fleurs. Ils ont mis en relief notre amour naturel de la simplicité, et nous ont dévoilé la beauté des choses humbles. En vérité, c’est par leur enseignement que le thé est entré dans la vie du peuple.

Kakuzô Okakura dans Le livre du thé

Une pièce musicale de Beautiful Japanese Music – Tea Ceremony